Ce jour-là : le 9 mai, fête de l’Europe !
Il n’y a pas d’acte de naissance de l’Europe, au sens strict. Le choix d’une date est toujours symbolique.
Dans l’entre-deux guerres, Aristide Briand peut déjà être considéré comme un père fondateur de l’Europe, comme un apôtre de la paix. Le premier, il œuvre avec Gustav Stresemann pour le rapprochement franco-allemand. Mais la belle idée d’Europe fédérale, exprimée en 1929, reste sans suite. La crise économique et la deuxième guerre mondiale sonnent le glas du projet.
Plusieurs dates auraient pu être retenues. Pourtant, le 9 mai 1950 s’impose avec la force d’une évidence. Pourquoi ? Par la foi et par l’énergie d’un homme, Robert Schuman, la déclaration du 9 mai 1950 marque la première réalisation concrète de la communauté européenne. Il s’agit de créer un pool charbon-acier (C.E.C.A.), plus connu sous le nom de plan Schuman.
Robert Schuman n’a rien d’un dogmatique : il n’a jamais bâti de schéma européen. C’est peu à peu qu’une vision européenne se dégage, à la lumière de l’expérience et de la réflexion. C’est au printemps 1951 que les négociations conduisant à la création de la C.E.C.A. s’achèvent. Schuman précise alors les raisons qui président à la naissance de l’Europe : Il faut construire une Europe unifiée, dans laquelle la solidarité des nations doit l’emporter sur les nationalismes dépassés. La coopération est imposée aussi par les moyens de transport, la concentration industrielle, la spécialisation technique. A ces impératifs économiques s’ajoute une autre priorité, non moins essentielle : trouver une solution au problème allemand. Robert Schuman se fait l’artisan du rapprochement avec l’Allemagne.
Une structure européenne toute faite ne peut convenir à un homme d’expérience comme Schuman. Aussi préconise-t-il des plans limités et concrets, mais sans perdre de vue l’idée directrice, l’idéal de départ. Mettre en œuvre une Europe de la paix :
Pour que la Paix puisse vraiment courir sa chance, il faut, d’abord qu’il y ait une Europe. Cinq ans, presque jour pour jour, après la capitulation sans conditions de l’Allemagne, la France accomplit le premier acte décisif de la consruction européenne et y associe l’Allemagne (…) L’Europe naîtra de tout cela, une Europe solidement unie et fortement charpentée.
(Déclaration liminaire de Robert Schuman, le 9 mai 1950)
La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent.
(Déclaration du 9 mai 1950)
On oppose souvent cette Europe des réalisations concrètes, économiques, à une Europe politique moins affirmée. Or, dès les origines du projet européen, Robert Schuman insiste sur l’importance, pour l’Europe, de se refaire une âme :
L’Europe divisée n’a su donner au monde contemporain le message spirituel dont il a besoin. (…) L’Europe se refera une âme dans la diversité de ses qualités et de ses aspirations (…) L’unité de l’Europe ne se fera pas principalement par des institutions européennes ; celles-ci ne seront possibles qu’au fur et à mesure du cheminement des esprits. D’où l’importance d’une libre circulation des idées et des hommes entre les pays européens.
(Robert Schuman, 1955)
Les grands axes de l’action diplomatique de Robert Schuman sont un legs précieux, à garder à l’esprit : la réconciliation franco-allemande, l’union européenne préfigurée par la création de la Communauté européenne du Charbon et de l’Acier, la solidarité atlantique consacrée par la conclusion du Pacte Atlantique (1949).
Le 9 mai, nous célébrons l’une des plus belles dates de naissance de l’Europe : d’une Europe qui agit, pour la paix et la solidarité entre les nations.