Frédéric Petit : "Pour construire une Union européenne plus forte, il nous faut arrimer définitivement les Balkans à l’Europe"
Frédéric PetitAlors que la légitimité de l’UE est sans cesse contestée dans cette région par la Chine, la Russie et la Turquie, il est urgent d’accélérer l’intégration de l’Albanie, de la Bosnie, du Kosovo, de la Macédoine du Nord, du Monténégro et de la Serbie, explique le député (MoDem) Frédéric Petit dans une tribune publiée par Le Monde.
De retour d’une mission parlementaire en Bosnie, Serbie et Albanie, j’en reviens définitivement convaincu que les Balkans représentent l’avenir de l’Europe. C’est incontestable. Et tous nos atermoiements ainsi que les lenteurs du processus d’intégration, ne font que retarder une décision d’autant plus essentielle à la construction européenne que la guerre en Ukraine, en une seule année, tragique hélas, a déjà profondément changé le monde.
A Sofia, début mars, dans le cadre du forum interparlementaire organisé par le Parti démocrate européen, j’ai plaidé, comme je le fais depuis cinq ans, pour que la France et l’Union européenne s’intéressent davantage à cette région, encore trop souvent caricaturée comme « la poudrière de l’Europe ». Or, nous devons nous débarrasser de cette image obsolète et erronée des Balkans.
Les conflits de nationalités sont fréquents en Europe depuis des siècles. Les Balkans n’en sont qu’un concentré avec leurs vingt-neuf nationalités, leurs incessants déplacements au cours de l’histoire, leur lutte permanente entre modèle impérial (ottoman, autrichien…) et modèle coopératif et multiethnique (Voïvodine, Sarajevo…).
Le constat est pourtant sans appel : vingt ans après la déclaration de Thessalonique, l’Union européenne [UE] n’a pas fait toute sa part dans les Balkans. Pis encore, sa légitimité est en permanence contestée par des puissances telles que la Chine, la Russie et la Turquie.