Laurence Farreng, auteur d'un rapport pour améliorer les mesures d'inclusion du programme Erasmus +

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Dans son rapport adopté au Parlement Européen la semaine dernière, Laurence Farreng, députée européenne, préconise : l'amélioration des ressources financières des participants d'Erasmus +, un soutien accru aux professeurs et aux accompagnants ou encore un meilleur accès à des données fiables pour les personnes ayant moins d'opportunités. Interview. 

Votre rapport pour améliorer les mesures d’inclusion du programme Erasmus + a été adopté au Parlement Européen. Quels constats avez-vous été amené à faire ?

Plus de 10 millions de personnes ont pu bénéficier d’Erasmus + depuis son lancement en 1987. Or depuis sa création, le programme a profondément évolué et s’est ouvert aux apprentis, aux lycéens, aux collégiens, aux adultes en formation, aux enseignants, aux chercheurs d’emplois... Erasmus +, en 35 ans, s’est élargi, s’est démocratisé, pour mieux coller aux évolutions de notre société.

Et pourtant, remontent régulièrement du terrain des témoignages décourageants : un étudiant qui n’a pu partir en raison de son handicap, faute de structures et d’accompagnement adaptés, un apprenti dont la famille n’a pas autorisé le projet de mobilité, un jeune qui n’a pu concrétiser son projet par manque de moyens financiers, ou encore un adulte en formation pour qui la situation géographique reculée a été un frein trop important. Sans oublier tous ces jeunes qui pensent tout simplement qu’Erasmus n’est pas pour eux, que c’est seulement pour les étudiants, ou pour ceux qui ont de l’argent, un soutien parental, pour ceux qui habitent des grandes villes, pour les autres.

Face à ces problèmes, mon rapport - qui se réfère aux mesures d’inclusion ayant été menées lors de la précédente période 2014-2020 - a pour objectif de formuler des recommandations pour le futur. Il est en effet important d’étudier en profondeur ce qui a déjà été fait, d’identifier les bonnes pratiques, les obstacles, les échecs comme les réussites en matière d’inclusion, si nous voulons toucher les publics les plus éloignés du programme.

Je m’engage donc pour que chaque jeune puisse dire : "Erasmus, c’est pour moi !"

Les mesures d’inclusion ont-elles porté leurs fruits ?

L’absence de stratégie harmonisée au plan européen en matière d’inclusion dans le programme Erasmus + 2014-2020 a laissé les agences nationales Erasmus + seules responsables de la stratégie et de sa mise en œuvre. Toutes, à des degrés divers, ont essayé d’inclure des publics avec “moins d’opportunités“. Mais par exemple, il est frappant de noter que leur définition et la prise en compte de ceux-ci n’était pas unifiée lors de la période 2014-2020. Par exemple certaines agences ne considéraient « que » les publics handicapés ou avec des difficultés socio-économiques, tandis que d’autres mettaient plus l’accent sur les publics venant de territoires géographiquement reculés.... Ce manque d’harmonisation a fortement impacté la mise en œuvre d’une stratégie réellement européenne, et on peut espérer que le nouveau programme, les conclusions de mon rapport ainsi que les lignes directrices publiées par la Commission pourront y remédier.

Quels sont les objectifs fixés par votre rapport pour les années à venir ?

Je ne fixe pas d’objectifs chiffrés mais souhaite tout simplement que chaque jeune, chaque adulte en formation puisse être informé des possibilités offertes par le programme Erasmus + et s’il le souhaite, participer à un projet d’échange ou de mobilité sans rencontrer de barrières.

Que préconisez-vous comme leviers d’action ?

Mes recommandations sont d’ordres différents.

Le plus urgent, le besoin crucial d’adaptation des bourses et des aides financières à la situation des participants, notamment en permettant un pré-financement. De nombreux jeunes n’ont pas la capacité financière et le soutien familial pour avancer les sommes nécessaires, et parfois renoncent à leur projet. Cela ne doit plus arriver.

Je souhaite également qu’il y ait un meilleur soutien apporté aux professeurs, aux accompagnants et au staff des associations porteuses de projets. Ils sont souvent bénévoles, ce sont eux qui montent les projets, qui aident les participants à compléter les dossiers et à fournir les justificatifs nécessaires. Sans eux, la plupart des participants avec moins d’opportunités ne serait pas en mesure de participer et encore moins de monter des projets Erasmus +. Il faut donc assurer à ces staffs un accompagnement mais aussi leur donner les moyens d’accompagner les mobilités. Un meilleur soutien donnerait également confiance aux familles, parfois réticentes, aux participants, tout en assurant un déroulé optimal des projets.

Sur le plan plus logistique, je souhaite que la Commission européenne corrige une bonne fois pour tous les dysfonctionnements et les complexité de ses outils informatiques pas toujours faciles d’accès pour les associations et porteurs de projets.

Il ne faut pas ajouter une fracture numérique aux difficultés !

Je demande enfin à ce que tout en respectant la protection des données personnelles, nous réussissions à réunir des données fiables sur la participation des personnes avec moins d’opportunités pour mieux agir demain.

C’est avec cette simplification et avec une vision claire sur l’ampleur des besoins que nous pourrons véritablement faire d’Erasmus + un programme pour tous.

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