Vincent Chauvet : " Le partage d'expérience entre élus européens est extrêmement important et enrichissant "
Vincent Chauvet est Maire d'Autun (71) et Président du MoDem de Saône-et-Loire. Il vient d'être nommé au Comité des Régions, organe de l'Union européenne qui a son siège à Bruxelles et composé d'élus locaux des 27 États membres. Plus jeune délégué français et seul membre du MoDem parmi les 24 élus présentant la France, il a été élu en février 2020 vice-président de la délégation française.
Mouvement Démocrate - Vous êtes un des six maires à représenter la France au Comité européen des Régions, comment envisagez-vous cette tâche ?
Vincent Chauvet - J'envisage cette mission avec confiance et grand intérêt.
Je connais bien les institutions européennes pour les avoir étudiées à Sciences-Po et à HEC. J'ai été chargé d'enseignement à l'Université de New-York en droit de l'Union européenne, et les compétences juridiques sont indispensables dans cette fonction.
Je connais bien Bruxelles également pour y avoir travaillé comme journaliste puis dans la direction juridique européenne du groupe français Edenred.
Enfin, je connais aussi un certain nombre d'élus européens que j'ai pu côtoyer dans d'autres mandats.
Je suis donc confiant sur cette nouvelle mission et j'assisterai aux séances plénières qui ont lieu tous les deux mois d'autant plus facilement qu'il y a un TGV direct entre Le Creusot et Bruxelles.
La nouvelle mandature vient de débuter, vous avez été nommé coordinateur de la commission Environnement : sur quelles questions allez-vous travailler ?
Je suis très honoré de la confiance qui m'a été faite et d'avoir été proposé comme coordinateur de cette commission par le groupe centriste européen Renaissance.
La Commission européenne souhaite mettre en place un Nouveau Pacte Vert (Green New Deal) qui doit mobiliser 1 000 milliards d'euros pour réaliser la transition écologique en Europe et arriver à une neutralité carbone de notre continent. La commission Environnement du Comité des Régions travaillera sur la nécessaire implication des collectivités locales pour réaliser ces objectifs et leur mode de financement. Pour ma part je plaide pour que l'Union européenne mobilise une partie de cet argent pour acheter des forêts et les gérer durablement, comme nous pouvons le faire à Autun.
L'échelon local est-il un bon levier pour rendre l’Europe plus proche des citoyens ?
"Les écoles primaires sont à la science ce que les institutions communales sont à l'Europe : elles la mettent à la portée du peuple" pourrait-on dire en paraphrasant Tocqueville qui parlait de la démocratie en Amérique. Les élus locaux ont un vrai rôle à jouer pour expliquer comment fonctionne les institutions européennes et comment nous tentons ensemble à l'échelle continentale de surmonter les grands défis du XXIème siècle, que ce soit la transition écologique, l'innovation numérique, ou encore la préservation de notre modèle de société dans un monde où d'autres puissance peuvent vouloir imposer leur vision.
Comment l'Union européenne peut-elle aider financièrement les communes françaises ?
De nombreuses collectivités perçoivent des aides financières européennes pour des projets d'infrastructures notamment, ou en lien avec les politiques d'emploi et de formation. Mais aujourd'hui ce système est trop complexe et fonctionne parfois avec 2 à 3 ans de retard de paiement.
Par ailleurs, avec le départ du Royaume-Uni, le budget se trouve réduit et les négociations budgétaires sont très difficiles. En tant qu'élu français d'une petite ville rurale, je plaide pour un maintien du budget liée au développement local et à la politique agricole commune. En tant que président de la Mission locale, structure d'insertion des jeunes dans l'emploi, je souhaite que les crédits soient maintenus également dans ce domaine.
Je me rends compte également que de nombreux élus ne savent pas qu'ils pourraient bénéficier d'aides européennes et que par conséquent certaines subventions ne sont jamais versées : il faut améliorer l'information des élus, notamment ruraux, sur le sujet.
Le dialogue entre des villes européennes confrontées aux mêmes difficultés est-il constructif et indispensable ?
Oui, le partage d'expérience entre élus européens est extrêmement important et enrichissant. Nous nous rendons compte par exemple que nous pouvons être confrontés aux mêmes problématiques et que nous sommes amenés à réinventer des solutions semblables. Nous avons par exemple à Autun un problème d'intégration de bûcherons bulgares qui viennent travailler en nombre dans notre région depuis l'entrée de la Bulgarie dans l'Union européenne. J'ai pu rencontrer des collègues espagnols qui connaissent la même problématique, mais pour eux liée au besoin de main d'oeuvre pour la récolte de fraises. Sur ces questions, la réponse passe nécessairement par l'échelon européen : salaire minimum dans tous les Etats membres pour permettre à chaque famille de vivre dignement sans avoir à émigrer dans un autre pays, renforcement des règles sur le travail détaché, reconnaissance des minorités et respect de l'Etat de droit en Europe orientale, financements européens pour aider les régions d'accueil à mettre en place des cours de langues, etc.