Philippe Berta : "Ces dernières années ont vu l’émergence de quelques acteurs à taille modeste qui pourraient former un point de reconquête pour l'imagerie médicale en France."
Le député du Gard et homme de sciences, Philippe Berta, évoque l'importance de la création d'un pôle Med Tech en France. Interview.
La création d’un pôle Med Tech en France :
Pourquoi est-il nécessaire de reconstituer un Pôle Med Tech (Dispositifs médicaux) en France dans le domaine de l’imagerie médicale ?
La France, il y a déjà bien longtemps, à travers par exemple CGR Thomson, était un acteur important dans le domaine de l’imagerie médicale. Au fil du temps et des acquisitions, son savoir-faire et son industrie sont partis à l’étranger à travers des multi-nationales américaines comme GE Healthcare. Ces dernières années ont vu l’émergence de quelques acteurs à taille modeste, dont la division imagerie du groupe Thalès qui pourraient former un point de reconquête, au moins sur certaines spécialités en imagerie, à condition d’une organisation nouvelle, voire de regroupements.
Il existe 7 pôles de compétitivité en santé dans l’Hexagone. La création d’un pôle Med Tech à l’échelle du pays permettrait-elle d’accroître la visibilité de ses acteurs et leur poids dans la balance économique ?
Ce pôle sur le plan organisationnel, il existe à travers le conseil stratégique de filière santé (Csf), la possibilité d’articuler et d’animer cette stratégie.
Comment imaginez-vous cela à l’échelle de votre département ?
A l’échelle loco-régionale, le pôle de compétitivité santé PACA-Occitanie Eurobiomed constituera le point d’animation des acteurs de cette filière dans le sud de la France où sont localisés certains de ces acteurs en imagerie médicale.
L'expérimentation du cannabis thérapeutique :
En tant que biologiste, vous avez récemment accordé une interview au journal l’Opinion sur l’expérimentation du cannabis à usage thérapeutique en France. Vous êtes plutôt favorable à cette idée... Quelles opportunités d'un point de vue médical par rapport aux médicaments déjà existants ?
L’utilisation d’un cannabis dosé spécifiquement et conditionné à cet effet semble pouvoir constituer une aide en particulier en tant qu’anti-douleurs dans de lourdes pathologies (cancer, sclérose en plaque…). Le cannabis est utilisé à cette fin thérapeutique dans divers pays voisins. Il apparaît pouvoir être complémentaire aux stratégies actuelles.
Comment se déroulent les actuelles expérimentations en France ? Y a-t-il eu des retours positifs sur l’aspect thérapeutique ?
Nous sommes dans le cadre d’un essai thérapeutique classique sur 3000 patients (avec population contrôle) avec consentement, essai débuté tardivement en raison de la pandémie dont il faudra mesurer l’éventuel bénéfice et pour quel type de patients.
L’opinion publique considère parfois qu’ouvrir la porte à un assouplissement encouragerait à la consommation de drogues. Est-ce vraiment le cas au vu des expérimentations menées ? Ces expérimentations ne posent-elles pas un problème éthique ?
Ce type d’essai est sous le contrôle d’un comité de protection des personnes qui assure le côté éthique comme pour tout médicament. Il faut totalement dissocier cette utilisation thérapeutique sous forme de gélules par exemple sur un cannabis dosé à cet effet d’une utilisation récréative. Les opiacés sont utilisés depuis des années à des fins similaires et n’ont pas généré des fumeurs d’opium !