Philippe Berta : "Est-ce qu'on veut la survie de l'espèce humaine sur Terre ? "
Philippe Berta, Député du Gard et généticien, était l'invité de Dimanche en Politique sur France 3 Occitanie. Revoir son entretien.
Covid : "On a tous été surpris par cette pandémie"
Interrogé d'abord sur son opposition aux pratiques de Didier Raoult, avec pour fond la volonté de ce dernier de traiter les patients à l'hydroxychloroquine sans tests fiables, notre scientifique rappelle "qu'il y a une erreur méthodologique dès le départ", à base "de pseudo-essais cliniques", tout en rappelant le contexte difficile de la pandémie de coronavirus:
On a tous été totalement surpris et désemparés par cette pandémie, et rien n'était écartable à un moment donné.
Philippe Berta va plus loin sur son analyse des réponses de Didier Raoult qui sont contraires à toutes les bases scientifiques : "Lorsque vous avez un médicament à tester, ne vous fatiguez pas à faire un essai clinique, prenez un patient et si éventuellement vous le soignez, vous pouvez mettre le médicament sur le marché !".
Il fait la comparaison avec le vaccin développé par Pfizer, qui est souvent perçu comme peu fiable, alors qu'il a concerné "47500 personnes" qui ont participé aux tests cliniques.
Environnement : "Le GIEC est optimiste"
Revenant sur la transition écologique, Philippe Berta dresse un constat franc et percutant, basé sur les propos du Directeur adjoint du CNRS, considérant ainsi que "le GIEC est gentil et optimiste" :
Est-ce qu'on veut la survie de l'espèce humaine sur Terre ? On en est peut-être là, donc il va falloir collectivement faire des efforts qui peuvent être difficiles.
Face aux critiques notamment sur la loi Zéro Artificialisation nette des sols (ZAN), notre député rappelle que la France est "le champion européen de la bétonisation et de l'artificialisation des sols", ce qui implique d'agir "intelligemment pour que personne ne soit lésé, en particulier les territoires et les petites communes".
Ainsi, un équilibre a été désormais trouvé avec les associations d'élus locaux pour permettre aux communes de ne pas bloquer leur développement notamment sur le sujet crucial du manque de logements.
Maladies rares : "Les maladies rares posent toutes les questions de la santé de demain"
Très impliqué sur le sujet des maladies rares, qui représentent plus de 7000 maladies touchant 3 millions de personnes dont 75% d'enfants, notre député considère que "les maladies rares posent toutes les questions de la santé de demain avant les autres", incluant les problématiques de diagnostic notamment génétique, et de la médecine de demain.
Il prend ainsi l'exemple de l'amyotrophie spinale, maladie dégénérative provoquant une atrophie musculaire, qui concerne "une cinquantaine d'enfants à traiter par an, on est capables d'en traiter que cinq, parce que c'est cher" :
Est-ce que ça coûte si cher que ça finalement ? Il faudrait pouvoir comparer avec le patient non traité, qui va d'abord vivre une vie infernale, qui va souvent mal se terminer, qui va avoir un parcours de soin absolument insensé, qui va donc finalement coûter très cher à la société.
Citant les pistes de biothérapies, le généticien rappelle qu'elles sont aujourd'hui plus importantes que les thérapies médicamenteuses, avec les thérapies géniques comportant "2000 essais en cours à travers le monde", la thérapie cellulaire, l'immunothérapie "en particulier sur les cancers".
Pour Philippe Berta, ce sont des pistes d'espoir avec même "des perspectives magiques".