Bruno Fuchs : "La Francophonie ne séduit plus, redoublons d'efforts !"

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(© Assemblée nationale)

La Francophonie n'est plus considérée comme un levier de l'influence de la France, déplorent Christian Philip et Bruno Fuchs. Selon eux, le sommet international de la Francophonie en 2024 doit être l'occasion de la promouvoir. Tribune de Bruno Fuchs et Christian Philip publiée dans Le Figaro.

Bruno Fuchs, député MoDem du Haut-Rhin et secrétaire général de l'assemblée parlementaire de la Francophonie.
Christian Philip est l'ancien représentant personnel du président de la République française pour la francophonie. Il est aujourd'hui président du Réseau international des maisons de la Francophonie.

Les projections démographiques à moyen terme sont unanimes : l'espace francophone voit son barycentre se déplacer fortement vers le sud. De 60% aujourd'hui, les francophones pourraient être 85% à se trouver sur le continent africain en 2050. De 300 millions de locuteurs, les francophones pourraient être 750 millions à ce même horizon.

Bien loin de nous inquiéter, ce fait démographique doit être vu avant tout comme une opportunité inouïe, un vrai atout en termes de puissance et de rayonnement pour toutes les nations concernées

L'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) compte 88 pays adhérents, l'Assemblée parlementaire de la francophonie (APF) 91 membres, l'Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) dénombre quant à elle plus de 1 000 établissements d'enseignement supérieur. Sans compter les réseaux d'élus locaux, d'ONG ou le Réseau international des maisons des francophonies (RIMF)

Et pourtant ce scenario a toutes les chances de ne pas se produire. Partout dans le monde nos partenaires critiquent de plus en plus ouvertement notre peu d'implication, notre manque d'ambitions. «Vous avez abandonné le français», entend-on de plus en plus souvent en Afrique ou au Québec. Si nous-même ne donnons plus l'impression de croire à la francophonie, comment entrainer nos partenaires ?

Au-delà de la langue, la recrudescence des prises de position hostiles à la puissance française au Mali ou au Burkina Faso participe également à ce phénomène. Les faits sont prégnants, la francophonie, en l'état, ne séduit plus et n'est plus considérée comme un levier de l'influence de la France.

Elle doit impérativement se régénérer.

La francophonie est riche de sa jeunesse qui est l'assurance de faire vivre et perdurer notre héritage commun. Néanmoins, le temps a fait son œuvre et les aspirations des nouvelles générations ont évolué. Les questions mémorielles viennent trop souvent altérer les relations qui unissent les populations de l'espace francophone à la France. La culture ne peut plus être le legs de premier plan et doit nécessairement s'effacer devant les impératifs économiques et sociaux.

La jeunesse francophone à travers le globe a soif d'entreprendre. Cela passe par un profond désir de formation et d'éducation. Cela doit nécessairement passer par des partenariats renforcés entre nos universités. Nous devons également répondre aux attentes d'emploi de cette jeunesse en développant au plus vite un réseau de lycées professionnels francophones et former des électriciens, des boulangers, des mécaniciens ou encore des aides-soignants.

Les initiatives entrepreneuriales doivent également être davantage soutenues par la mise en place d'une politique d'appel à projets tournée vers l'espace francophone. Plus largement, la francophonie économique semble la mieux placée aujourd'hui pour récréer un engouement autour des enjeux du XXIe siècle.

Mère des batailles, celle de la mobilité. Comment créer un espace ouvert, répondant aux aspirations modernes de la jeunesse si les entraves aux déplacements restent aussi grandes ? Sans traiter cette question souvent taboue l'espace francophone ne sera de moins en moins une alternative crédible et enthousiasmante.

Le sommet de la Francophonie de 2024 approche à grands pas et doit drainer dans son sillage un maximum d'initiatives et manifestations pour en assurer sa promotion. Nous devons nous appuyer sur tous les acteurs engagés comme les Maisons des francophonies ou l'assemblée parlementaire de la francophonie.

En France, cet événement doit aussi être l'occasion d'insuffler un nouvel élan en décorrélant la charge ministérielle dévolue à la coopération en général et celle dévolue à la francophonie de manière plus spécifique.

Tout ce qui a été évoqué doit servir à poser les bases d'une véritable zone politique et économique francophone. Le but est à terme de se doter de vrais moyens d'action et de leviers au bénéfice des populations francophones, et aux effets concrets sur leur quotidien.

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