Jean-Noël Barrot : « La question des otages est sans doute la plus lourde à porter quand on exerce mes fonctions »
Hier soir, Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, était l'invité d'Elisabeth Lemoine dans l'émission C à vous sur France 5. L’occasion pour lui de revenir sur les grandes priorités de sa politique européenne et étrangère, de commenter les enjeux actuels de l'Union européenne et de livrer sa vision sur la place de la France dans le monde à l’heure des tensions géopolitiques croissantes.
Algérie : « Retrouver une relation sereine et équilibrée »
Jean-Noël Barrot a abordé plusieurs sujets brûlants de l'actualité sur le plateau de France 5, à commencer par les relations actuelles entre la France et l'Algérie. Il a d'abord expliqué sa démarche :
Moi, mon job, c'est de trouver des solutions et de faire en sorte que nos deux pays, l'Algérie et la France, deux grands pays de la Méditerranée, puissent dépasser cette période de tension.
Il a rappelé que la coopération reste la meilleure voie pour avancer sur des dossiers sensibles comme la migration et l'économie, en citant en exemple la déclaration d'Alger de 2022 qui a permis de multiplier « par trois le nombre d'éloignements d'Algériens en situation irrégulière en France ».
Et j'appelle les Algériens, évidemment, à mettre de côté cette surenchère qui n'est ni dans l'intérêt de l'Algérie, ni dans l'intérêt de la France.
Avec une vision globale, le ministre invite à regarder plus loin, à se projeter « au-delà de l'horizon de la semaine ou du mois » et faire tout notre possible pour « retrouver une relation sereine et équilibrée pour défendre nos intérêts et tirer le maximum de notre relation avec ce pays voisin ».
États-Unis : « Les frontières de l'Europe ne sont pas négociables »
Jean-Noël Barrot a affirmé la fermeté de la France sur la question des frontières européennes après la déclaration du président américain souhaitant envahir le Groenland, territoire du royaume danois :
Ce qui est clair, c'est que les frontières de l'Europe ne sont pas négociables. Ni à l'ouest, ni à l'est, ni au nord, ni au sud.
Il souligne la solidarité avec les pays de l'Union européenne confrontés à des menaces territoriales et la souveraineté des États et de leur population à se prononcer et décider de leur avenir :
Personne ne peut dicter au peuple groenlandais ce qu'il lui appartient de faire.
Le ministre a également mis en avant un enjeu moins médiatisé : la sécurité dans l'Arctique, probablement le réel objectif derrière les déclarations de Donald Trump : « le dérèglement climatique ouvre de nouvelles voies navigables, ce qui peut provoquer des enjeux de sécurité nouveaux face à la Russie et la Chine ». Mais notre vice-président affirme sans équivoque : « est-ce que ça doit passer par une redéfinition des frontières ? Absolument pas ».
Otages français : « Nous exigeons la libération de nos compatriotes détenus arbitrairement »
En fin d'entretien, le ministre a tenu à évoquer la question douloureuse des otages et personnes détenues arbitrairement dans le monde, qu'il estime être « une question qui est sans doute la plus lourde à porter quand on exerce [s]es fonctions ».
Actuellement, 3 otages français sont encore détenus en Iran.
Nous arrivons au millième jour de détention de Cécile Kohler et Jacques Paris, otages d'État, retenus dans des conditions que nous connaissons à peine. Et il y a un troisième otage qui est Olivier Grondeau, dont les conditions sont un peu meilleures, mais qui a eu le courage de dire les conditions de sa détention, au risque qu'elles s'aggravent.
Il rappelle la souffrance de ces détenus et la pression exercée sur l'Iran en déclarant : « pas de dialogue bilatéral, pas de levée des sanctions tant que nos otages ne seront pas libérés ». L'Union européenne doit également se saisir de cette injustice et, comme le souhaite le ministre, « prendre des sanctions à l'encontre des responsables de cette détention arbitraire ».
Jean-Noël Barrot met également l'accent sur l'accompagnement des ex-otages après leur libération :
Nous devons améliorer leur accompagnement, car ils ont souffert ces épreuves du fait de leur nationalité française.
Un engagement fort pour ces Français victimes d'enjeux diplomatiques internationaux qui peinent souvent à se reconstruire après leur détention.