Jean-Noël Barrot : "Je crois que l'implantation territoriale du MoDem, son ancrage, est un des atouts de la majorité présidentielle."
Le secrétaire général du Mouvement Démocrate et député des Yvelines, Jean-Noël Barrot, était l'invité du 10h30-13h du lundi 21 juin présenté par Marianne Théoleyre. L'occasion de revenir sur les élections régionales 2021.
Marianne Théoleyre : L'abstention, on en parle avec vous, Jean-Noël Barrot. Bonjour.
Jean-Noël Barrot : Bonjour.
Marianne Théoleyre : Vous êtes le numéro 2 du MoDem, tête de liste de la majorité présidentielle dans le département des Yvelines, dans la région Île-de-France. Ça vous inspire quoi ? C'est un échec du gouvernement et d'Emmanuel Macron comme certains ont pu le dire dès hier soir ?
Jean-Noël Barrot : Ce que m'inspire ce niveau historiquement élevé d'abstention, c'est une inquiétude. C'est le résultat d'un échec collectif à ramener les citoyens aux urnes, à donner du sens à la politique...
Marianne Théoleyre : Ce n'est pas la faute uniquement de la majorité présidentielle ?
Jean-Noël Barrot : Évidemment que non puisqu'on a une abstention qui progresse de scrutin en scrutin depuis de nombreuses années. Et d'ailleurs, au MoDem, avec François Bayrou, nous avons fait un certain nombre de propositions pour essayer de lutter contre l'abstention, à la fois pour que les Français se sentent mieux reconnus dans les scrutins avec la proportionnelle, mais aussi pour rendre le vote plus simple, plus adapté aux usages de notre temps, c'est-à-dire le vote par correspondance, le vote par internet.
Daïc Audouit : Sur ces deux propositions, le gouvernement vous a dit non.
Jean-Noël Barrot : Le gouvernement nous a dit qu'il fallait du temps pour mettre en place des procédures. Le gouvernement a fait un certain nombre de choses pour essayer de faciliter la participation en rendant possible la double procuration, en la simplifiant. Mais il faut de toute évidence aller plus loin. Cette abstention est multi-factorielle : elle ne tient pas uniquement au processus du vote. Elle tient au sens qu'on donne aux élections et il y a une responsabilité collective de toutes les forces politiques à essayer d'y remédier. J'appelle, après avoir remercié toutes celles et ceux qui ont porté leurs suffrages sur Laurent Saint-Martin, à un sursaut dimanche prochain pour que chacun aille voter en Île-de-France comme dans toutes les autres régions.
Marianne Théoleyre : Justement Jean-Noël Barrot, on a dit que c'est la claque pour la République En Marche ! The Guardian titre même à l'étranger la deuxième baffe pour revenir sur la gifle du Président. Là c'est la deuxième baffe pour la République En Marche ! Vous vouliez être arbitres, la majorité présidentielle, et ce n'est même pas le cas.
Jean-Noël Barrot : Oui, je crois que nous n'avons pas réussi à mobiliser suffisamment et c'est cette abstention très forte qui empêche dans certaines régions nos listes de se maintenir au second tour. Pour celles qui le peuvent, je suis certain que nous aurons un sursaut au second tour puisque nos électeurs, toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans la politique qui est menée par le gouvernement, par la politique qui a été menée depuis un an, depuis la crise, par le Président Emmanuel Macron, vont venir en soutien de nos candidats. Et vous verrez que ces listes progresseront et que nous aurons une nouvelle génération qui s'installera dans les conseils régionaux un peu partout en France. Alors, peut-être pas au premier poste de responsabilité mais c'est avec La République En Marche !, le MoDem c'est un peu différent, un mouvement nouveau et l'implantation locale, ça prend du temps.
Marianne Théoleyre : Oui, c'est ça. Vous n'avez pas encore d'ancrage local. Donc vous êtes certain que vos listes vont progresser au second tour ?
Jean-Noël Barrot : Alors, le MoDem c'est un peu différent. Je constate que les candidats aux élections départementales du MoDem qui étaient sortants font de très belles performances un peu partout où ils étaient candidats. Et s'agissant des élections régionales, je constate le score très honorable de Marc Fesneau dans le Centre-Val de Loire, de Geneviève Darrieussecq en Nouvelle-Aquitaine...
Daïc Audouit : Qui sont deux ministres MoDem et deux élus historiquement MoDem.
Marianne Théoleyre : Donc c'est grâce au MoDem que LaRem fait des bons scores ?
Jean-Noël Barrot : Je crois que l'implantation du MoDem, l'implantation territoriale du MoDem, son ancrage est un des atouts de la majorité présidentielle, en effet.
Daïc Audouit : Dernière question. Est-ce que c'est un échec d'Emmanuel Macron quand même ? Il avait nationalisé le scrutin, 15 ministres qui vont au combat...
Jean-Noël Barrot : Non, je ne crois pas qu'on puisse faire de ces élections une évaluation de la politique d'Emmanuel Macron. D'ailleurs, tous les sondages le montrent : les Français sont très satisfaits de l'action qui a été menée en matière sanitaire et en matière économique. Je crois donc qu'il y a là une question locale et surtout une question de vitalité démocratique avec une abstention très forte qui gomme un certain nombre de réalités politiques du pays.
Daïc Audouit : Juste une question avec ce qui se passe en PACA. Vous regrettez que le candidat Europe-Écologie maintienne sa candidature ?
Jean-Noël Barrot : Évidemment. Quand on est au premier tour, on défend ses convictions et son projet. Quand on arrive au second tour, on fait le rassemblement. Et singulièrement, quand le Rassemblement National est en mesure de remporter une région, on fait front, c'est-à-dire soit on se retire soit on crée les conditions d'une alliance mais on ne se maintient pas de la manière qui est en train de se passer. Donc j'espère que les 24 heures qui restent à Monsieur Félizia pour se décider lui permettront de prendre la bonne décision.
Daïc Audouit : On est d'accord que LaRem, elle, ne se retire pas dans des régions où il y a des menaces moins fortes du Rassemblement National mais là où il y a quand même... ?
Jean-Noël Barrot : Non parce que le Rassemblement National a fait une contreperformance. Vous avez cité le chiffre de 29%. On pourrait aussi citer que le Rassemblement National n'est en première position que dans une région alors qu'il était en première position dans six régions la dernière fois. Et donc l'absence de risques d'une arrivée du Rassemblement National à la tête des régions rend les maintiens possibles et souhaitables d'une certaine manière.
Marianne Théoleyre : Merci beaucoup Jean-Noël Barrot d'avoir répondu à nos questions.