"Aide médicale de l’État, oui à l’exception sanitaire française !" : l’appel de 26 députés MoDem
Dans une tribune publiée par La Croix, 26 députés MoDem reviennent sur la proposition des sénateurs Les Républicains souhaitant restreindre l'accès à l'aide médicale de l'État à l'occasion du débat sur le projet de loi immigration débutant aujourd'hui au Sénat. Pour eux, une telle mesure reporterait la charge sur les hôpitaux et serait contradictoire avec les valeurs d’hospitalité françaises.
Il y a maintenant plus de trois ans, le Covid faisait son apparition en France. Venu de l’autre bout du monde, il s’est développé dans tous les pays, tous les territoires, toutes les populations, sans discrimination. La mise en place rapide d’un dispositif de détection, traitement, protection a permis d’en limiter la propagation et, à terme, de retrouver un cadre de vie aussi normal que possible.
Cet exemple de mesures qui ont été mises en place dans un moment anxiogène mais où la cohésion était plus que nécessaire démontre que cette prise en charge en amont d’un virus permet d’en limiter les cas et ainsi prévenir non seulement la maladie, mais également sa propagation et les coûts induits.
Ces considérations ne sont pas récentes et ne sont pas propres à notre époque. Léonard de Vinci disait déjà : « Ne pas prévenir, c’est déjà gémir. »
Dès le Moyen Âge, on avait compris que les maladies ne tenaient pas compte des frontières. Les ordres hospitaliers comme l’Ordre de Malte ou l’ordre de Saint-Lazare ne prodiguaient-ils pas leurs soins à tous, sans considérer les origines ou la religion ?
L’AME n’est pas un cadeau
C’est en ligne avec cette idée qu’a été créée en 1999 l’aide médicale de l’État. Prestation sociale limitée aux personnes en situation irrégulière, elle permet une prise en charge par l’État des soins médicaux et hospitaliers. Cette prise en charge se fait dans le cadre de l’action sociale et des familles, et non dans notre système de sécurité sociale.
En effet, les personnes en situation irrégulière ne sont pas intégrées dans notre système de sécurité sociale ; mais il est de notre devoir d’apporter une réponse en matière de santé à ces personnes sur notre territoire, d’ores et déjà en situation précaire, mais également présentes dans les secteurs professionnels de première nécessité.
La principale idée demeure : la France protège sa population contre les maladies et propose des soins à toute personne se présentant à l’hôpital, sans tenir compte de ses origines.
Car il ne s’agit pas d’un dispositif qui ferait office de cadeau à toute personne étrangère. Au contraire, l’AME représente un sujet de santé publique, un enjeu de protection et une mesure d’efficacité.
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Un pays des droits
Néanmoins, loin de nous l’idée de rester bloqués sur des positions inamovibles. Un travail peut être engagé pour améliorer le dispositif de l’AME.
Mais nous devons nous rappeler collectivement que la France est perçue à l’international comme un pays des droits, un pays des libertés mais surtout un pays où l’humanité est appréciée dans son ensemble, loin des divisions et des querelles qui nous agitent.
Plus encore, c’est l’honneur de la France d’accueillir celles et ceux qui souffrent, et c’est l’honneur de tous les professionnels de santé de soigner les personnes en souffrance, peu importent leurs origines, leurs opinions ou leurs religions.
Nous contestons donc la volonté de supprimer l’AME car elle ne correspond, selon nous, ni à la nécessité permanente de vigilance sanitaire, ni à l’impératif moral de solidarité humaine.
Cosignataires :
Élodie Jacquier-Laforge - députée de l’Isère; Erwan Balanant – député du Finistère; Géraldine Bannier - députée de la Mayenne; Philippe Berta – député du Gard; Vincent Bru – député des Pyrénées-Atlantiques; Laurent Croizier – député du Doubs; Geneviève Darrieussecq – députée des Landes; Mathilde Desjonquères – députée de Loir-et-Cher; Laurent Esquenet-Goxes – député des Haute-Garonne; Olivier Falorni – député de Charente-Maritime; Maud Gatel – députée de Paris; Frantz Gumbs - député de Saint-Barthélemy et Saint-Martin; Cyrille Isaac-Sibille – député du Rhône; Sandrine Josso – députée de Loire-Atlantique; Pascal Lecamp – député de la Vienne; Aude Luquet – députée de Seine-et-Marne; Éric Martineau – député de la Sarthe; Emmanuel Mandon – député de la Loire; Sophie Mette – députée de Gironde; Bruno Millienne – député des Yvelines; Hubert Ott – député du Haut-Rhin; Jimmy Pahun – député du Morbihan; Frédéric Petit – député des Français établis hors de France; Josy Poueyto – députée des Pyrénées-Atlantiques; Nicolas Turquois – député de la Vienne; Frédéric Zgainski – député de Gironde